Le Modernisme
À partir de 1859, un plan a été élaboré qui permettait à la ville de s'étendre naturellement pour absorber les villages voisins de Gràcia, Les Corts, Sant Gervasi de Cassoles et San Andreu, qui formeront la forme actuelle de l'Eixample.
L'ingénieur Cerdà i Sunyer fut le maître d'œuvre, concevant des "quadrats" entrecoupés par deux artères principales qui s'étendaient naturellement jusqu'aux flancs des collines, donnant naissance à l'actuel "Eixample". Le quartier était divisé en deux zones socialement opposées : l'esquera (à gauche) regroupait les ouvriers, les artisans et les commerçants. La dreta (à droite) était destinée à la bourgeoisie qui, dans les années 1900, a donné libre cours à l'engouement pour le modernisme, créant un état d'esprit et un courant inventif avec une concentration d'Art nouveau français et de Jugendstil munichois.
Ildefons Cerdà a établi une grille rationnelle en découpant cinq cent cinquante blocs identiques, légèrement octogonaux, pour faciliter la visibilité. Les "manzanas", blocs de maisons, ne devaient pas dépasser trois étages et l'intérieur devait être ventilé par des espaces verts. La première pierre du premier bâtiment a été posée en 1861.
Le Passeig de Gràcia, centre névralgique de l'Eixample, concentre des bâtiments modernistes, des maisons privées et des institutions. À l'origine, l'avenue n'était qu'un chemin de terre reliant les murailles de Barcelone au village de Gràcia. Elle a subi sa première transformation en 1827 pour devenir une promenade. En 1852, les premiers lampadaires à gaz font leur apparition et en 1872, le premier tramway à chevaux est installé. À partir de 1890, la bourgeoisie s'y installe, ce qui en fait le quartier résidentiel le plus exclusif de Barcelone. Remarquez les lampadaires de Gaudí entourés de bancs de Falqués.
Remarque : Sur le Passeig de Gracia, une borne marque le point de départ plutôt symbolique du mouvement moderniste avec l'inscription : "km 0 de la route européenne du modernisme".
Puig i Cadalfalch (architecte, historien et théoricien) a davantage apporté un état d'esprit qu'une tendance véritablement inventive. Il a emprunté aux différents courants de l'Art nouveau pour créer un style personnel qui répondait aux critères sociaux et prétentieux d'une bourgeoisie toujours à la recherche d'un style précurseur. La fin du modernisme dans les années 1920 annonce une nouvelle tendance : le Noucentisme et l'Avant-gardisme, dont l'architecte Rafael Maso est le précurseur.
Lluis Domènech i Muntaner et Josep Puig i Cadafalch ont largement contribué à la diversité du modernisme. C'est Domenech i Montaner qui a lancé le premier l'idée d'une architecture nationale dans son manifeste de 1878.
Le résultat fut la maison d'édition Montaner i Simón (1880 - 1886) dans la rue d'Aragó, conçue à l'origine comme un palais en briques rouges et poutres d'acier. Un siècle plus tard, Antoni Tàpies y installera sa Fondation. Une autre de ses œuvres se trouve dans la rue Montsió, "Els Quatre Gats", un bar moderniste installé dans la Casa Martí (1895-1896), œuvre de Puig i Cadafalch.